
Des Palestiniens tentent de recevoir de la nourriture lors d'une distribution à Gaza le 13 août 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
Une législation israélienne réglementant les ONG étrangères a été de plus en plus utilisée pour refuser leurs demandes d'apporter de l'aide dans la bande de Gaza, selon une lettre signée par plus de cent ONG publiée jeudi.
Les relations entre les ONG soutenues par l'étranger et le gouvernement israélien ont longtemps été marquées par des tensions, les autorités accusant souvent ces ONG de partialité.
Ces rapports difficiles se sont encore tendus après l'attaque du Hamas contre Israël qui a déclenché la guerre en octobre 2023.
"Les autorités israéliennes ont rejeté les demandes de dizaines d'ONG pour apporter des biens de première nécessité (à Gaza), affirmant que ces organisations +ne sont pas autorisées à fournir de l'aide+", indique la déclaration.
Le Cogat, un organisme israélien en charge des Affaires civiles, a rejeté des "allégations mensongères".
"Israël agit pour permettre et faciliter l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, tandis que le Hamas cherche à exploiter cette aide pour renforcer ses capacités militaires et consolider son contrôle sur la population. Cela se fait parfois sous couvert de certaines organisations d'aide internationale, que ce soit sciemment ou non", assure le Cogat, selon lequel 380 camions sont entrés mercredi dans Gaza par les accès de Kerem Shalom et Zikim.
Le directeur du réseau des ONG palestiniennes à Gaza, Amjad Al-Shawa, a au contraire affirmé à l'AFP que "le nombre de camions entrant dans Gaza (chaque jour) est seulement compris entre 70 et 90 au mieux". Israël "continue d'empêcher les ONG internationales d'y faire rentrer leurs camions", a-t-il ajouté.
- "Millions de dollars" en attente -
Selon la lettre, signée notamment d'Oxfam et Médecins Sans Frontières (MSF), au moins 60 demandes d'aide pour le territoire palestinien assiégé ont été rejetées en juillet.
Elle cite l'exemple de l'ONG Anera qui "dispose de plus de 7 millions de dollars de fournitures vitales prêtes à entrer à Gaza, y compris 744 tonnes de riz, suffisantes pour six millions de repas, bloquées à Ashdod (Israël) à seulement quelques kilomètres" de Gaza.

Des Palestiniens tentent de recevoir de la nourriture lors d'une distribution à Gaza le 13 août 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
Idem pour Care et Oxfam, dans l'impossibilité de livrer respectivement pour 1,5 million de dollars et 2,5 millions de dollars de diverses fournitures.
Le gouvernement israélien a approuvé en mars un nouvel ensemble de règles encadrant les ONG étrangères qui travaillent avec les Palestiniens.
Leur enregistrement peut être refusé si les autorités estiment qu'un groupe nie le caractère démocratique d'Israël ou "promeut des campagnes de délégitimation" contre le pays.
"Malheureusement, de nombreuses organisations d'aide servent de couverture pour des activités hostiles et parfois violentes", a déclaré à l'AFP le ministre de la Diaspora Amichai Chikli, dont le ministère a été chargé de l'enregistrement des ONG.
Les organisations "n'ayant aucun lien avec des activités hostiles ou violentes et aucune connexion avec le mouvement de boycott se verront accorder l'autorisation d'opérer", a-t-il ajouté.
- "Sauver des vies" -
Les ONG affirment que ces nouvelles règles laissent les Palestiniens à Gaza sans aide.
"Notre mandat est de sauver des vies, mais en raison des restrictions liées à l'enregistrement, les civils se retrouvent sans la nourriture, ni les médicaments et la protection dont ils ont un besoin urgent", a déclaré Jolien Veldwijk, directeur de Care dans les Territoires palestiniens.
"Le système d'enregistrement est désormais utilisé pour bloquer davantage l'aide et refuser nourriture et médicaments au milieu du pire scénario possible de famine", accuse la lettre.
Israël accuse le Hamas de détourner l'aide entrant à Gaza, et depuis mai, le gouvernement s'appuie sur la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) soutenue par les Etats-Unis pour gérer les centres de distribution alimentaire
Ces opérations se déroulent souvent dans le plus grand désordre, voire le chaos, et sous les tirs israéliens pour tenter d'y contrôler les foules.
Au moins 1.373 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le 27 mai, la plupart par des tirs israéliens, "alors qu'ils cherchaient de la nourriture", avait rapporté fin juillet l'ONU.
Des ONG étrangères et l'ONU ont refusé de coopérer avec la GHF, qu'elles accusent de servir les besoins militaires d'Israël.
Surtout, ces ONG redoutent d'être interdites d'activité en Israël et dans les Territoires palestiniens si elles ne transmettent pas au gouvernement israélien des informations sensibles sur leur personnel palestinien.
La date limite pour soumettre ces données est fixée à septembre, après quoi "nombre d'entre elles pourraient être contraintes de cesser leurs opérations à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et de retirer tout leur personnel international sous 60 jours".
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